Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/74

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rieurs de Saturne est la cause physique de l’intervalle permanent entre les deux grands anneaux [Kirkwood, On the Nebular hypothesis and the approximate commensurability of the planetary periods (Monthly Notices, XXXIX, 1868, p. 96. Sidereal Messenger, 21 février 1884). Proctor, Intellectual Observer, t. IV, p. 22. Meyer, Astronomische Nachrichten, no 2527].


5o Les mouvements des satellites de Neptune et d’Uranus sont rétrogrades, et aussi très probablement les mouvements de rotation de ces planètes. — Cette objection à l’hypothèse de Laplace est considérée par M. Faye comme si importante[1], qu’il en a déduit une théorie nouvelle de la formation des planètes sur laquelle nous aurons à revenir bientôt. Il est donc nécessaire d’en bien apprécier la valeur.

Laplace n’ignorait point que les satellites d’Uranus ne tournent pas comme ceux des autres planètes : « Il paraît, dit-il, d’après les observations d’Herschel, qu’ils se meuvent tous sur un même plan presque perpendiculaire à celui de l’orbite de la planète, ce qui indique évidemment une position semblable dans le plan de son équateur. » (Exposition du système du Monde, t. II, p. 121.) Si donc il ne s’est pas laissé arrêter par une circonstance si exceptionnelle, s’il n’en a même pas parlé dans l’exposition, longuement mé-

  1. M. H. Faye, Sur l’origine du Monde, p. 189, et Bulletin de l’Association scientifique de France, 2e série, t. VIII, p. 869 et suiv. M. Faye fait à ce sujet une citation de Laplace que je ne puis considérer comme absolument exacte : « Newton et Laplace croyaient que toutes les rotations, toutes les circulations devaient être de même sens. Laplace est allé plus loin : il a appliqué à cette question le Calcul des probabilités. En tablant sur les planètes et les satellites connus de son temps, son analyse montre que, si l’on venait à découvrir un nouveau satellite ou une nouvelle planète, il y aurait des milliards à parier contre un que la circulation de ce système ou la rotation de cette planète serait directe, comme toutes les autres… L’étude des satellites d’Uranus et la découverte du système de Neptune n’ont pas tardé à réduire à néant cette probabilité et la célèbre cosmogonie de Laplace. » Le texte de Laplace, que j’ai déjà cité, est celui-ci : « Des phénomènes aussi extraordinaires (identité du sens des mouvements de circulation et de rotation) ne sont point dus à des causes irrégulières. En soumettant au calcul leur probabilité, on trouve qu’il y a plus de deux cent mille milliards à parier contre un qu’ils ne sont point l’effet du hasard ; ce qui forme une probabilité bien supérieure à celle de la plupart des événements historiques dont nous ne doutons point. Nous devons donc croire, au moins avec la même confiance, qu’une cause primitive a dirigé les mouvements des planètes. »