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Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/509

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Lacédémoniens dans un combat naval, et de la mort du navarque Pisandre. On raconte aussi comment ce combat eut lieu. C’était près de Cnide que la rencontre s’était faite. Pharnabaze, qui faisait les fonctions de navarque, commandait les trirèmes phéniciennes, en avant desquelles Conon[1] avec la flotte grecque avait disposé ses vaisseaux. Pisandre avait formé sa ligne en face ; mais, quand on put voir combien ses vaisseaux étaient inférieurs en nombre à ceux de la flotte grecque commandée par Conon, les alliés qui sont à l’aile gauche prennent aussitôt la fuite. Pisandre, réduit à ses propres forces, engage le combat ; mais sa trirème, percée de coups d’éperons, est poussée à la côte : tous ceux qui sont ainsi jetés à la côte abandonnent leurs vaisseaux et s’enfuient comme ils peuvent à Cnide. Pisandre meurt en combattant sur son vaisseau.

Agésilas, en apprenant cette nouvelle, commence par être fort affligé. Cependant, réfléchissant que la plus grande partie de son armée est bien disposée à partager ses succès, mais que rien ne la forcera à demeurer avec lui, quand elle sera témoin de quelque revers, il dissimule et dit qu’il a reçu la nouvelle de la mort de Pisandre, vainqueur dans un combat naval. Cela dit, il immole des bœufs, comme en reconnaissance d’une bonne nouvelle, et envoie à plusieurs des morceaux des victimes. De cette manière, dans une escarmouche qui a lieu, les troupes d’Agésilas ont l’avantage, grâce au bruit que les Lacédémoniens avaient été vainqueurs dans le combat naval.

Les troupes opposées à Agésilas se composaient de Béotiens, d’Athéniens, d’Argiens, de Corinthiens, d’Ænianes, d’Eubéens et de Locriens des deux pays ; Agésilas avait avec lui la more venue de Corinthe, et une demi-more venue d’Orchomène : il avait, de plus, les néodamodes de Lacédémone qui avaient fait la campagne avec lui, les mercenaires commandés par Hérippidas, les troupes de villes grecques d’Asie et celles qu’il avait recrutées à son passage dans les villes grecques d’Europe. Ajoutons-y des hoplites d’Orchomène et de Phocée. Les peltastes d’Agésilas étaient de beaucoup plus nombreux ; la cavalerie était à peu près égale des deux côtés. Telles étaient les forces des deux partis.

Je vais retracer ce combat[2]. C’est l’un des plus remarqua-

  1. Conon, après la bataille d’Ægos-Potamos, s’était enfui auprès d’Évagoras et de là chez le roi de Perse.
  2. Cf. Agésilas, ii.