Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/510

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bles de notre époque. Les deux armées se rencontrèrent dans la plaine voisine de Coronée ; celle d’Agésilas venant de Céphire, et celle des Thébains de l’Hélicon. Agésilas commandait l’aile droite ; les Orchoméniens étaient placés à l’extrémité de son aile gauche ; de leur côté, les Thébains étaient à la droite, et à la gauche les Argiens. Les deux armées s’ébranlent dans le plus grand silence ; mais, arrivées à la distance d’un stade, les Thébains jettent un cri et s’élancent tous en avant. Il restait encore un intervalle de trois plèthres, lorsque la phalange mercenaire d’Agésilas, commandée par Hérippidas, se détache et s’élance au pas de course, et avec elle les Ioniens, les Éoliens et les Hellespontins ; or, ce détachement, arrivé à une portée de pique, met en déroute ceux qui lui font face. Cependant les Argiens, ne tenant pas contre les soldats d’Agésilas, s’enfuient vers l’Hélicon. En ce moment quelques soldats étrangers couronnaient déjà Agésilas, quand on lui annonce que les Thébains ont rompu les Orchoméniens jusqu’aux skeuophores : par une brusque évolution, il déploie sa phalange, court sur eux, et les Thébains, voyant que leurs alliés se sont enfuis vers l’Hélicon, doublent le pas pour les joindre.

C’est alors qu’Agésilas montre, sans contredit, la plus grande valeur : cependant le parti qu’il prit était des plus dangereux. Il pouvait laisser passer l’ennemi qui battait en retraite, puis tomber sur ses derrières et y faire main-basse ; mais il n’en fit rien, et rompit en visière avec les Thébains ; les boucliers serrés s’entre-choquent, on se bat, on tue, on meurt. À la fin, une partie des Thébains s’échappe vers l’Hélicon : un grand nombre périt dans la déroute. Après que la victoire est assurée à Agésilas, et qu’on l’a rapporté lui-même blessé à sa phalange, quelques cavaliers accourent pour lui dire que quatre-vingts des ennemis sont dans le temple avec leurs armes, et demandent ce qu’il faut faire. Et lui, couvert de nombreuses blessures, mais n’oubliant pas ce qu’il doit à la sainteté du lieu, il ordonne de les laisser aller où ils voudront, loin de leur faire aucun mal. Ensuite, comme il était déjà tard, les soldats prennent leur repas et se livrent au sommeil.

Le lendemain, Agésilas commande au polémarque Gylis de mettre les troupes sous les armes et d’ériger un trophée, aux soldats de se couronner de fleurs en l’honneur du dieu, et aux flûteurs de jouer de leurs instruments : ce qui fut fait. Cependant les Thébains envoient des hérauts demander une trêve. Agésilas la leur accorde, se rend à Delphes, et consacre au