Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/111

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influence toute-puissante qui stimule le genre humain — le gouvernement. D’autres produisent des exceptions et des nuances : celle-ci agit avec une efficacité permanente et universelle. L’exemple présent est remarquable ; car le Roussillon est en fait une partie de l’Espagne : les habitants sont Espagnols de langage et de coutumes ; mais ils sont soumis à un gouvernement français.

Nous laissons la chaîne des Pyrénées dans le lointain. Rencontré des bergers parlant catalan. Sur la route, les cabriolets sont espagnols. On bat le grain comme de l’autre côté des montagnes. Les auberges et les maisons sont les mêmes. Gagné Perpignan ; là je me suis séparé de M. Lazowski. Il retournait à Luchon, tandis que j’avais arrangé un tour dans le Languedoc, pour finir la saison. — 15 milles.

Le 22. — Le duc de Larochefoucauld m’avait donné une lettre pour M. Barri de Lasseuses, major d’un régiment à Perpignan, qui, disait-il, s’entendait en agriculture, et serait charmé de s’entretenir avec moi sur ce sujet. J’allai chez lui le matin, mais, comme c’était dimanche, il passait la journée à sa maison de campagne de Pia, à une lieue environ. Je me rôtis en m’y rendant à travers des vignobles pierreux. Monsieur, madame et mademoiselle de Lasseuses m’accueillirent avec une grande politesse. Je leur expliquai que le motif de mon voyage n’était pas de courir à l’étourdie comme le troupeau des voyageurs vulgaires, mais d’examiner l’agriculture, afin d’imiter ce que j’y pourrais trouver de bon et d’applicable à l’Angleterre. On applaudit beaucoup ce dessein ; le major dit que c’était un motif de voyage vraiment digne de louanges ; qu’il était étonnant que cela fût si peu commun, et se fit fort d’assurer qu’il n’y avait pas un seul Français en Angleterre