Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/131

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Le 6. — Rejoint mes amis à Bagnères-de-Luchon, très aise de me reposer un peu au sein de ces fraîches montagnes, après une si brûlante tournée.

Le 10. — Notre société n’étant pas encore prête à retourner à Paris, je résolus d’employer les dix ou douze jours qui restaient à visiter Bagnères-de-Bigorre et Bayonne, et de revenir rejoindre mes compagnons à Auch sur le chemin de Bordeaux. Cela conclu, je montai ma jument anglaise et pris un dernier congé de Bagnères-de-Luchon. — 28 milles.

Le 11. — Paré près d’un couvent de Bernardins, dont le revenu est de 30,000 livres ; il est situé, dans un vallon qu’arrose un charmant ruisseau aux eaux cristallines ; des hauteurs, boisées de chênes, l’abritent en arrière. — Arrivé à Bagnères, qui contient peu de choses remarquables, mais que l’on fréquente beaucoup à cause de ses eaux. Visité la vallée de Campan, dont j’avais entendu faire de grands récits, et qui a cependant surpassé mon attente. Elle diffère entièrement de celles que j’ai vues dans les Pyrénées ou en Catalogne. Les traits en sont autrement disposés. En général, les pentes cultivées des montagnes sont divisées en enclos ; ici, elles restent ouvertes. La vallée elle-même est une nappe unie de cultures et de prairies arrosées, parsemée de nombreux villages et de maisons isolées. Les montagnes de l’est sont sauvages, escarpées, rocheuses, et ne nourrissent que des moutons et des chèvres. Elles forment le trait le plus saillant de ce tableau par leur contraste frappant avec celles de l’ouest qui déploient une admirable succession de moissons et de verdure, sans haies ni fossés, coupée seulement par les lignes de division des propriétés et