Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/145

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provinciale de Saintonge devant se réunir bientôt, il reste pour la présider.

Le 30. — Pays crayeux, bien boisé, sans clôtures ; les approches d’Angoulême sont charmantes, la Charente embellit ces campagnes qu’elle arrose ; elle est navigable ici. — 25 milles.

Le 31. — Passé Angoulême, on ne voit guère que des vignes ; puis vient une forêt, propriété de la duchesse d’Anville, mère du duc de Larochefoucauld ; à Verteuil, un château appartenant à cette même dame, bâti en 1459, et où nous trouvâmes tout ce qu’un voyageur peut désirer de l’hospitalité la plus large. L’empereur Charles-Quint y fut reçu par Anne de Polignac, veuve de François II, comte de Larochefoucauld, et ce prince déclara tout haut « n’avoir jamais été en maison qui sentît mieux sa grande vertu, honnêteté et seigneurie que celle-là. » Il est parfaitement tenu, complètement réparé, meublé entièrement et en bon ordre, ce qui mérite d’être loué, quand on songe que la famille passe rarement ici plus de quelques jours chaque année possédant d’autres châteaux, et bien plus considérables, en différentes provinces du royaume. Si ces égards, pour les intérêts de ceux qui suivront, étaient plus communs en France, nous n’aurions pas le triste spectacle de tant de manoirs ruinés. Dans la galerie se trouve une suite de portraits depuis le dixième siècle ; on voit, par l’un d’eux, que ce fut une demoiselle de Larochefoucauld qui acquit ce domaine en 1470. Le parc, la forêt et la Charente forment un délicieux ensemble

Les derniers événements qui sont arrivés me rendaient désireux de retrancher ce passage et d’autres semblables ; mais il est plus loyal envers tous de les laisser tels quels. — Édit. de 1792.