Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/146

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cette rivière abonde de carpes, de tanches et de perches ; il est aisé en tout temps d’y pêcher de 50 à 100 couples de poissons pesant de trois à dix livres chacune ; on nous servit à souper une couple de carpe, les meilleures, sans exception, que j’aie jamais goûtées. Si je plantais ma tente en France, ce serait sur les bords d’une rivière donnant de semblables poissons. Rien ne vous agace davantage à la campagne que d’avoir en vue soit lac, soit rivière, soit la mer, et de se passer de poisson à dîner, comme c’est souvent le cas en Angleterre. — 27 milles.

1er septembre. — Caudec (Condac), Ruffec, Maisons-Blanches et Chaunay. Dans le premier de ces endroits, un très beau moulin à farine construit par le feu comte de Broglie, frère du maréchal de ce nom, un des officiers les plus capables et les plus actifs de l’armée française. Ses entreprises, comme particulier, portent toutes l’empreinte d’une sollicitude nationale : ce moulin, une forge et un projet de navigation ont prouvé qu’il était disposé à tous les efforts nécessaires au bien du pays, selon les idées en vogue, c’est-à-dire en toutes choses, excepté dans la seule qui eût été efficace, l’agriculture pratique. Le jour s’est passé, à quelques exceptions près, dans un pays pauvre, triste et désagréable. — 35 milles.

Le 2. Le Poitou selon ce que j’en vois, est une vilaine et pauvre province, pour laquelle on n’a rien fait. Elle semble manquer de communications, de débouchés, de mouvement de toutes sortes, et elle ne produit pas en moyenne la moitié de ce qu’elle devrait produire. Le Bas-Poitou est bien meilleur et plus riche.