Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

a plus, elles seraient renversées à tout moment[1]. À cela se rapporte aussi la nécessité pour toutes les personnes peu aisées de s’habiller en noir, avec des bas également noirs ; cette couleur sombre, en société, n’est pas si odieuse que la démarcation qu’elle trace entre un homme riche et un autre qui ne l’est pas. Avec l’orgueil, l’arrogance et la dureté des Anglais riches, elle ne serait pas supportable ; mais le bon naturel dominant du caractère français adoucit toutes ces causes malencontreuses d’irritation. Les logements en garni, sans être aussi bons de moitié que ceux de Londres, sont considérablement plus chers. Si, dans un hôtel, vous ne prenez pas toute une enfilade de pièces, il vous faudra monter trois, quatre et cinq étages, et vous contenter en général d’une chambre avec un lit. On conçoit, après l’horrible fatigue des rues ce qu’a de détestable une pareille ascension. Vous avez beaucoup à chercher avant de vous faire accepter comme pensionnaire dans une famille, ainsi qu’on le fait habituellement à Londres, et cela se paye bien plus. Les gages de domestiques sont à peu près les mêmes. On doit, regretter ces désavantages de Paris [2], car autrement je le tiens pour le séjour à préférer par ceux qui aiment la vie des grandes villes. Il n’y a nulle part de meilleure société pour un homme de lettres ou un savant. Leur commerce avec les grands, qui, s’il n’est pas sur le pied d’égalité, ne doit pas avoir lieu du tout, est plein de dignité. Les gens du plus

  1. L’auteur n’a pas pensé à mentionner les brouettes ou chaises à deux roues, ou bien ne les a pas remarquées. — Zimmermann.
  2. Je me réjouis de donner à l’auteur, en cela comme dans la plupart de ses remarques sur Paris, une entière approbation. Moi non plus, je n’ai pas trouvé de ville qui autant que Paris satisfasse aux besoins des savant — Zimmermann.