Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/185

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haut rang se tiennent au courant de la science et de la littérature et envient la gloire qu’elles donnent. Je plaindrais volontiers l’homme qui croirait être bien reçu dans un cercle brillant à Londres, sans compter sur d’autres raisons que son titre de membre de la Société royale. Il n’en serait pas de même à Paris pour un membre de l’Académie des sciences, il est assuré partout d’un excellent accueil. Peut-être ce contraste vient-il en grande partie de la différence de gouvernement des deux pays. La politique est suivie avec trop d’ardeur en Angleterre pour permettre que l’on s’occupe dignement du reste ; que les Français établissent un gouvernement plus libre, ils ne tiendront plus les académiciens en si haute estime, en face des orateurs qui soutiendront les droits et la liberté dans un libre parlement.

Le 28. — Quitté Paris par la route de Flandre. M. de Broussonnet a eu l’obligeance de m’accompagner jusqu’à Dugny, pour me montrer la ferme d’un agriculteur très capable, M. Cretté de Palluel. À Senlis, j’ai pris la grand’route ; à Dammartin, j’ai rencontré par hasard M. du Pré du Saint-Cotin. M’entendant parler culture avec un fermier, il se présenta comme un amateur, me donna un aperçu de plusieurs expériences qu’il avait faites sur ses terres en Champagne, et me promit quelque chose de plus détaillé, en quoi il a fait honneur à sa parole. — 22 milles.

Le 29. — Traversé Nanteuil, où le prince de Condé a un château ; Villers-Cotterets, au milieu d’immenses forêts appartenant au duc d’Orléans. Les récoltes de ce pays sont, en conséquence, celles de princes du sang, c’est-à-dire, des lièvres, des faisans, des cerfs et des sangliers. — 26 milles.