Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/189

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idées du monopole, tout prêts à jeter 21 millions de leurs concitoyens dans les misères certaines de la guerre, plutôt que de voir l’intérêt, de ces 24 millions de consommateurs prévaloir sur celui des manufacturiers. Rencontré dans la ville beaucoup de petites charrettes traînées par un chien ; le propriétaire de l’une d’elles me dit, ce qui me paraît difficile à croire, que son chien tirerait 700 livres pendant une demi-lieue. Les roues sont très hautes par rapport à l’animal, en sorte que son poitrail est beaucoup au-dessous de l’essieu.

Le 6. — Au sortir de Lille, un pont en réparation me fit suivre les bords du canal, sous les ouvrages de la citadelle. Ils sont très nombreux et parfaitement placés sur une éminence en pente douce, entourée de marais peu profonds, faciles à inonder. Traversé Armentières, grande ville pavée. Couché à Mont-Cassel. — 30 milles.

Le 7. — Cassel occupe le sommet de la seule hauteur qui soit en Flandre. On répare le bassin de Dunkerque, si fameux dans l’histoire par une hauteur que l’Angleterre aura payée cher. Je place sur une même ligne d’arrogance nationale Dunkerque, Gibraltar et la statue de Louis XIV, sur la place des Victoires. Il y a beaucoup d’ouvriers à ce bassin ; une fois fini, il ne tiendra que vingt à vingt-cinq frégates, ce qui, pour un regard non expérimenté, semble un objet indigne de la jalousie d’une grande nation, à moins qu’elle ne soit jalouse de corsaires.

Je m’informai de l’importation des laines d’Angleterre ; on me la donna comme tout à fait insignifiante. Je remarquai qu’en sortant de la ville, mon petit porte-manteau fut aussi scrupuleusement examiné que si je