Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/190

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venais de débarquer avec une cargaison de marchandises prohibées ; à un fort à deux milles de là, ce fut de même. Dunkerque étant un port franc, la douane est aux portes. Que penserons-nous de nos manufacturiers, qui dans leur demande de lois sur la laine, d’infâme mémoire, amenèrent du quai de Dunkerque à la barre de la Chambre des lords un certain Th. Wilkinson, qui jura que la laine passe à Dunkerque sans que l’on demande ni une entrée ni un droit avec deux douanes qui se contrôlent l’une l’autre, et où l’on fouille jusqu’à un porte-manteau. C’est sur un semblable témoignage que notre législateur, selon le véritable esprit du boutiquier, menaça, par un acte d’amendes et de peines de toutes sortes, les producteurs de laine anglais. — Promenade à Rosendal, près de la ville, où M. Le Brun me montra fort obligeamment ses travaux d’amélioration des dunes. Sur les chemins, on a bâti un grand nombre de jolies petites maisons ayant chacune son jardin et un ou deux champs enclos où l’industrie a tiré parti du sable blanc et mouvant des dunes. La baguette magique de la prospérité a changé le sable en or. — 18 milles.

Le 8. — Quitté Dunkerque et son excellente auberge du Concierge ; je n’en ai pas trouvé d’autres en Flandre. Passé à Gravelines, qui, à mon œil inexpérimenté, sembla la plus forte place que j’aie encore vue ; au moins ses ouvrages apparents sont plus nombreux que dans les autres.[1]Si Gengis-Khan ou Tamerlan avaient trouvé des villes comme Lille et Gravelines sur leur chemin, où seraient leurs conquêtes et leur destruction du

  1. Ce sont des fossés, des remparts et des ponts-levis sans fin. J’aime cette partie de l’art militaire : elle ne s’occupe que de la défense, et laisse l’odieux de l’attaque au voisin.
    (Note de l’Auteur.)