Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/196

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sèche ; j’ai eu le plaisir de causer longuement avec lui sur différents sujets d’agriculture qui m’intéressaient.

Le 14. — Barentin. Traversé une forêt de pommiers et de poiriers. Le pays vaut mieux que les fermiers. Yvetot, plus riche encore, mais misérablement cultivé. — 21 milles.

Le 15. — Même pays jusqu’à Bolbec ; les clôtures me rappellent celles de l’Irlande : ce sont de hauts et larges talus en terre, avec des haies, des chênes et des hêtres en très bon état. Depuis Rouen, il y a une multitude de maisons de campagne qui me fait plaisir à voir ; partout des fermes et des chaumière, et, dans toutes, la filature de coton. De même jusqu’à Harfleur. Les approches du Havre-de-Grâce indiquent une ville très florissante : les coteaux sont presque entièrement couverts de petites villas nouvelles ; on en élève de plus nombreuses ; quelques-unes sont si près l’une de l’autre, qu’elles forment presque des rues. La ville aussi s’agrandit considérablement. — 30 milles.

Le 16. — Il n’est pas besoin d’informations pour s’apercevoir de la prospérité de cette ville ; impossible de s’y méprendre : il y a plus de mouvement, de vie, d’activité que n’importe où j’aie été en France. On a loué dernièrement, pour trois ans, à raison de 600 liv. par an, une maison prise à bail pour dix ans, en 1779, à raison de 240 liv., sans aucun pot-de-vin ; il y a douze ans, on l’aurait eue pour 24 liv. Le goulet, formé par une jetée, est étroit ; mais il s’élargit en deux bassins oblongs, encombrés de plusieurs centaines de navires. Le commerce occupe tous les quais ; tout y est hâte, confusion et animation. On dit qu’un vaisseau de 50 peut y entrer, peut-être en ôtant ses canons. Ce qui vaut mieux, ce sont des navires marchands de 500 et