Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/198

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d’instruction. L’idée de les quitter si tôt ne me revenait nullement, car leur société me semblait devoir rendre un plus long séjour très agréable. Il n’y a pas de mauvais penchant à aimer des gens qui aiment l’Angleterre, où ils ont été pour la plupart. — Nous avons assurément en France de belles, d’agréables et de bonnes choses ; mais on trouve une telle énergie dans votre nation !

Le 18. — Passé à Honfleur sur le paquebot, bateau ponté, qu’un fort vent du nord fit franchir ces 7 1/2 milles en une heure. Le fleuve était plus houleux que je croyais qu’un fleuve pût l’être. Honfleur est une petite ville très-industrieuse, avec un bassin rempli de navires, parmi lesquels des négriers (Guinea-men) aussi forts qu’au Havre.

Visité, à Pont-Audemer, M. Martin, directeur de la manufacture royale de cuirs. Je vis huit ou dix Anglais employés là (il y en a quarante en tout). L’un d’eux, du Yorkshire, me dit qu’on l’avait trompé pour le faire venir. Bien qu’ils fussent largement payés, la vie est très chère, au lieu d’être à bon marché, comme on le leur avait donné à entendre. — 20 milles.

Le 19. — Pont-l’Évêque. En approchant de cette ville, la campagne devient plus riche, c’est-à-dire qu’il y a plus de pâturages ; l’ensemble en est singulier ; ce sont des vergers entourés de haies si épaisses et si bonnes, quoique composées d’osier avec quelques épines, que le regard peut à peine les pénétrer : beaucoup de châteaux épars, dont quelques-uns sont beaux, mais un chemin exécrable. Pont-l’Évêque est dans le pays d’Auge, célèbre par la grande fertilité de ses