Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/201

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nous perfectionnerons, et enfin nous l’emporterons sur vous. » Je le crois bon politique ; sans concurrence, aucune fabrication ne progresse. Une douzaine d’anglaises, à filets bleus ou verts, 5 livres 5 sous. Revenu à Caen dîné avec le marquis de Guerchy, lieutenant-colonel, le major de son régiment, et leurs femmes, nombreuse et charmante société. Visité l’abbaye des Bénédictins, fondée par Guillaume le Conquérant. Superbe édifice, massif, solide, magnifique, avec de grands appartements et des escaliers de pierre dignes d’un palais. Soupé avec M. du Mesnil, capitaine au corps du génie, pour lequel j’avais des lettres ; il m’a présenté à l’ingénieur chargé du nouveau canal qui amènera à Caen des navires de 3 à 400 tonneaux, bel ouvrage à ranger parmi ceux qui font honneur à la France.

Le 23. — M. de Guerchy et l’abbé de *** m’ont accompagné à Harcourt, résidence du duc d’Harcourt, gouverneur de Normandie et du Dauphin. On me l’avait donné comme ayant le plus beau jardin anglais de France ; Ermenonville ne lui laisse pas ce rang, quoique le château y soit moins beau. Trouvé enfin un cheval pour essayer de poursuivre mon chemin un peu moins en Don Quichotte ; il ne me convint pas, il bronchait à chaque pas, était cher, et on demandait le prix d’un bon ; nous continuerons ensemble, mon aveugle ami et moi. — 30 milles.

Le 24. — Bayeux ; la cathédrale a trois tours, dont une est très légère, très élégante et richement sculptée.

Le 25. — Passé à Isigny, sur la route de Carentan, un bras de mer qui est guéable. En arrivant dans cette