Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/239

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de prairies bien irriguées ; on fait les foins. Couché à Tôtes. 7 milles et demi.

Le 15. — Dieppe. J’ai eu le bonheur de trouver le paquebot prêt à mettre à la voile. Je suis monté à bord avec ma pauvre compagne aveugle dont le pied est si sûr. Je ne la remonterai probablement jamais ; cependant tous mes sentiments répugnaient à ce que je la vende en France. Sans y voir elle m’a porté en toute sécurité pendant plus de 1500 milles ; pour le reste de sa vie elle ne connaîtra d’autre maître que moi ; si je le pouvais, ce voyage serait son dernier travail ; mais j’en suis sûr, elle labourera encore de bon cœur pour moi à la ferme.

Le débarquement dans la jolie petite ville neuve de Brighthelmstone (Brighton) fait un plus grand contraste avec Dieppe, qui est vieux et sale, qu’il n’y a entre Douvres et Calai ; à l’auberge du Château, je me suis cru un instant dans le pays des fées ; mais l’enchantement se fit payer cher. Passé la journée suivante chez lord Sheffield, où je ne vais de fois sans en remporter autant de plaisir que d’instruction. J’aurais voulu profiter un peu du cercle du soir à la bibliothèque ; mais quelques mots, dits au hasard dans la conversation, se joignant à mon manque de lettres en France, je me mis en tête qu’un de mes enfants était mort pendant mon absence ; je partis à la hâte le lendemain matin pour Londres, où j’eus le plaisir de voir le peu de fondement de mes alarmes ; on m’avait écrit, mais rien ne m’était arrivé. — Bradfield. — 202 milles.