compte de sa plume ; en 1775 elle lui avait déjà rapporté 3,000 l. st., soit 75,000 francs ; au taux actuel cela représenterait plus du double. Après, il avait publié son Tour en Irlande dont le succès avait été très grand ; si grand que la Société de Dublin, en le félicitant, le priait de vouloir bien faire de la seconde partie de son livre un petit manuel que l’on pût répandre parmi les gens du pays. Il y acquiesça, et se mettait à l’œuvre quand il reçut d’Irlande un essai anonyme, coupé dans un journal, qui critiquait impitoyablement son Voyage. Un procédé aussi blessant le brouilla pour quelque temps avec tout ce qui sentait l’imprimerie. Il se consola peu après en voyant le Parlement irlandais proposer, et le roi accepter les modifications suggérées par lui, à propos de la législation sur les céréales, législation considérée jusque-là comme un palladium.
Son activité inquiète ne pouvait s’arranger d’une concentration aussi sévère, aussi longue ; elle lui reprochait de ne rien faire pour l’humanité, pour l’humanité agricole en particulier ; et puis sir John Sinclair venait de faire paraître son Statistical account of Scotland, il y avait bien de quoi la stimuler. Le 1er janvier 1784 il inaugura la publication des Annals of agriculture, recueil d’une valeur inestimable tant au point de vue de la culture qu’au point de vue de l’économie politique ; il la poursuivit pendant plus de vingt ans jusqu’au jour où le travail lui fut devenu impossible, et le succès ne dut pas plus à son talent qu’à son inébranlable persévérance. Directeur en même temps que principal rédacteur, il éprouva contre-temps sur contre-temps. Au début il ne put s’entendre avec son éditeur ; celui qui succéda fit une faillite dans laquelle Young entra pour 350 1. st. (8730 fr.), et dont il ne put recouvrer, au bout de plusieurs années, que 2 s. 6 d. par livre sterling, soit 1085 fr. ; autre éditeur, autres inquié-
