Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/242

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battre pour le danger commun auquel on a échappé et l’espérance avide de la continuation d’un bonheur commun. Rencontré le comte de Berchtold chez M. Songa ; c’est un homme plein de bon sens et de vues profondes. Pourquoi l’empereur ne le rappelle-t-il pas pour en faire son premier ministre ? Le monde ne sera jamais bien gouverné tant que les rois ne connaîtront pas leurs sujets.

Le 4. — Arrivé à Douvres par la diligence avec deux négociants de Stockholm, l’un Suédois, l’autre Allemand, qui vont jusqu’à Paris. J’ai plus de chance de tirer quelque utilité de leur conversation que de la cohue d’une diligence anglaise. — 72 milles.

Le 5. — Passage à Calais. Quatorze heures de réflexion dans un véhicule qui ne laisse à personne la faculté de réfléchir. — 21 milles.

Le 6. — Nous avions dans la voiture un Français et sa femme ; une institutrice française venant d’Irlande, pleine d’une affectation et d’une extravagance qu’elle n’avait pas prises sûrement parmi les siens, et un jeune homme tout novice, son compatriote, qu’elle tâchait d’éblouir par ses grands airs et ses grâces. Le mari et la femme mirent en évidence un paquet de cartes, afin, disaient-ils, de bannir l’ennui du voyage ; mais ils s’arrangèrent aussi de façon à soulager de cinq louis notre jeune compagnon. C’est la première fois que j’ai été dans une diligence française, ce sera la dernière : elles sont détestables. Couché à Abbeville. — 78 milles.

Tous ces gens, à l’exception du Suédois, se croient très enjoués parce qu’ils sont très bruyants ; ils m’ont