Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/250

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présentés, et en fait un compte rendu sommaire ; mais on n’en donne lecture que s’ils offrent un intérêt particulier. Les membres communiquent ensuite leurs mémoires ou leurs rapports ; et quand il y a une discussion, c’est sans ordre, tous parlent à la fois comme dans une conversation animée. L’abbé Raynal a offert un prix de 1200 liv. (52 l. st. 10 s.) pour récompenser quelque service important, et on me demanda pourquoi on devrait l’accorder. « Employez-les, dis-je, à encourager l’introduction des turneps. » Mais tous me le représentèrent comme impossible ; ils ont essayé tant de fois, le gouvernement l’a fait de son côté sans résultat ; cela leur paraît une chose dont il faut désespérer. Je ne dis pas que l’on n’avait fait jusqu’ici que des sottises et que le vrai moyen de réussir était de tout défaire pour recommencer. Je n’assiste jamais à aucune Société d’agriculture, soit en France, soit en Angleterre, sans me demander, à part moi, si même bien dirigées elles font plus de bien que de mal ; c’est-à-dire si les avantages que l’agriculture nationale en retire ne sont pas plus que balancés par le préjudice qu’elles causent en détournant l’attention publique d’objets importants, ou en revêtant ces objets importants de formes frivoles, qui les font dédaigner. La seule société réellement utile serait celle qui, dans l’exploitation d’une grande ferme, offrirait un parfait exemple à l’usage de ceux qui y voudraient recourir, qui se composerait, par conséquent, d’hommes pratiques ; reste maintenant la question de savoir si tant de bons cuisiniers ne gâteraient pas la sauce.

Les idées du public sur les grandes affaires de Versailles changent chaque jour, chaque heure. On paraît croire à présent que les communes ont été trop loin dans leur dernier vote, et que l’union de la noblesse, du