Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/251

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clergé, de l’armée, du parlement et du roi les écrasera. On parle de cette union comme se préparant ; on dit que le comte d’Artois, la reine et le parti qui prend son nom s’arrangent à cet effet, pour le moment où les démarches des communes demanderont d’agir avec vigueur et ensemble. L’abolition du parlement passe chez les meneurs populaires pour une mesure essentiellement nécessaire ; parce que, tant qu’ils existent, ce sont des tribunaux auxquels la cour peut recourir, si elle avait l’intention de menacer l’existence des états généraux ; de leur côté, ces grands corps ont pris l’alarme et voient avec un profond regret que leur refus d’enregistrer les ordonnances royales a créé dans la nation une puissance non seulement hostile, mais encore dangereuse pour eux-mêmes. On sait aujourd’hui partout que, si le roi se débarrassait des états et gouvernait sur des principes tels quels, tous ses édits seraient reçus par tous les parlements. Dans ce dilemme et l’appréhension de ce jour, on se tourne beaucoup vers le duc d’Orléans, comme chef, mais avec une défiance générale très visible : on déplore sa conduite, on regrette de ne pouvoir compter sur lui dans des circonstances difficiles ; on le sait sans fermeté, redoutant fort d’être éloigné des plaisirs de Paris ; on se rappelle les bassesses auxquelles il descendit il y a longtemps afin d’être rappelé d’exil. On est cependant tellement au dépourvu, qu’on s’arrange de lui ; le bruit qui s’est répandu qu’il était déterminé d’aller, à la tête d’une fraction de la noblesse, se joindre aux communes pour vérifier ensemble les pouvoirs, a causé beaucoup de satisfaction. On tombe d’accord que s’il avait quelque peu de fermeté, avec son énorme revenu de 7 millions (306,204 l. st.) et les 4,175,000 l. en plus qui lui feront retour à la mort de son beau-père le duc de Penthièvre,