Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/305

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mon voyage, j’allai lui rendre visite. Il me reçut non seulement avec courtoisie, mais avec une façon hospitalière que je commençais à croire inconnue dans cette partie du royaume. J’avais été, depuis Mareuil, si déshabitué de ces attentions cordiales, qu’elles éveillèrent en moi une foule d’agréables sentiments. Mon hôte m’avait fait préparer un appartement ; il me fallut l’occuper, et il me fallut promettre de passer quelques jours en vivant avec la famille, à laquelle je fus présenté, particulièrement à M. l’abbé Lazowski, qui avec l’empressement le plus obligeant se chargea de me faire les honneurs du pays En attendant le dîner, nous visitâmes l’établissement des orphelins, qui est bien entendu et bien dirigé. Il faut une semblable institution à Lunéville, qui n’ayant pas d’industrie, se trouve, par conséquent, très pauvre. On m’assura que la moitié de la population, c’est-à-dire 10,000 personnes, se trouve dans le dénûment. La vie est à bon marché. Une cuisinière se paye deux, trois et quatre louis ; une femme de chambre sachant coiffer, trois ou quatre louis ; une femme à tout faire, un louis. On paye de seize à dix-sept louis de loyer pour une belle maison, neuf louis pour des appartements de quatre à cinq pièces ou cabinets. Après le dîner nous rendîmes visite à M. Vaux, dit Pomponne, ami intime de M. Lazowski ; là aussi la cordialité se joignit à la politesse pour me faire accueil. Il me pressa tellement de dîner chez lui le lendemain, que, n’eût été une indisposition qui m’a tenu tout le jour, j’aurais accepté rien que pour jouir de la conversation d’un homme de sens droit et d’esprit cultivé, qui, bien qu’avancé en âge, conserve de l’entrain et le talent de rendre sa société agréable pour tout le monde. La chaleur d’hier a été après quelques coups de tonnerre, suivie d’une nuit fraîche : sans le savoir, je me