Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/313

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les différentes sociétés, riches comme pauvres. La cuisine aussi est allemande : on appelle schnitz[1]un plat composé de lard et de poires à la poêle ; on dirait d’un mets de la table de Satan, mais je fus bien étonné en y goûtant de le trouver plus que passable. À Schelestadt, j’eus le plaisir de rencontrer le comte de Larochefoucauld, le régiment de Champagne, dont il est le second major, étant en garnison ici. On ne saurait avoir des attentions plus cordiales que les siennes, elles me rappelaient celles en nombre infini que j’avais reçues de sa famille ; il me mit en relations avec un bon fermier, qui me donna les renseignements dont j’avais besoin. — 25 milles.

Le 23. — Journée agréable et tranquille, passée avec le comte de Larochefoucauld ; nous avons dîné en compagnie des officiers du régiment : le colonel est le comte de Loménie, neveu du cardinal actuel de ce nom. Soupé chez mon ami : il s’y trouvait un officier d’infanterie, Hollandais qui a beaucoup vécu dans les Indes Orientales et parle anglais. Ce jour m’a ravivé ; la compagnie de personnes instruites, libérales, bien élevées et communicatives, a été le remède à la sombre apathie des tables d’hôte.

Le 24. — Gagné Isenheim par Colmar. Le pays est entièrement plat ; on a les Vosges tout près sur la droite, les montagnes de Souabe à gauche, et entre les deux on en voit paraître une chaîne dans l’éloignement, vers le sud. La grande nouvelle à la table d’hôte

  1. On appelle schnitzen, sur les bords du Rhin, des fruits coupés et séchés au four ; on les mange avec du jambon fumé, en dialecte alsacien dürrfleischZimmermann.