Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/329

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comme je l’avais déjà fait pour le docteur Priestley et M. Lavoisier, de diriger un peu plus ses recherches vers l’application de sa science à l’agriculture, lui représentant qu’il y avait là un magnifique champ d’expériences, où les découvertes ne lui manqueraient pas. Il en convint, en ajoutant qu’il n’avait pas le temps de suivre cette carrière. On voit, par son entretien, que ses vues se dirigent toutes sur l’absurdité du phlogistique, sauf quelques travaux pour l’établissement d’une nomenclature. Tandis que nous étions à dîner, on lui apporta une épreuve de la Nouvelle Encyclopédie, dont la partie chimique est imprimée à Dijon, pour sa convenance. Je pris la liberté de lui dire qu’un homme capable de concevoir une série d’expériences décisives sur les questions scientifiques, et d’en tirer les conclusions utiles, devrait être entièrement voué à ces travaux et à leur publication, et que, si j’étais roi de France, je voudrais que cette occupation fût pour lui si fructueuse, qu’il n’en cherchât pas d’autre. Il se mit à rire et me demanda, puisque j’étais si amateur de manipulations, si hostile aux écrits, ce que je pensais de mon ami le docteur Priestley ? En même temps, il expliqua aux deux autres convives combien ce grand physicien avait d’ardeur pour la métaphysique et la théologie militante. Il y aurait eu cent personnes à table, que ce sentiment eût été unanime. M. de Morveau parla toutefois avec une grande estime du talent de mon ami pour la partie, expérimentale : qui ferait autrement en Europe ? Je réfléchis ensuite sur les occupations qui empêchaient M. de Morveau d’appliquer la chimie et l’agriculture ; il trouve bien cependant du temps pour écrire dans le volumineux recueil de Panckoucke.

Je pose en principe que personne ne peut acquérir