Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/330

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une renommée durable dans les sciences naturelles autrement que par les expériences, et qu’ordinairement plus un homme manipule et moins il écrit, mieux cela vaut ; ou, pour mieux dire, plus sa renommée sera de bon aloi ; ce que l’on gagne à écrire a ruiné bien des savants (ceux qui connaissent M. de Morveau sauront bien que ceci ne le regarde pas ; sa position dans le monde le met hors de cause). L’habitude d’ordonner et de condenser les matières, de disposer les faits de façon à faire ressortir rigoureusement les conclusions qu’ils sont destinés à établir, est contraire aux règles ordinaires de la compilation. Il y a par tous pays des compilateurs très capables et très dignes de considération, mais les expérimentateurs de génie devraient se placer dans une autre classe. Si j’étais souverain, ayant, par conséquent, le pouvoir de récompenser le mérite, du moment où je saurais un homme de génie engagé dans une telle entreprise, je lui offrirais le double de ce qui aurait été convenu avec l’éditeur pour le détourner et le remettre dans une voie où il ne trouve pas de rivaux. Quelques personnes trouveront cette opinion fantasque de la part d’un homme qui, comme je l’ai fait, a publié tant de livres ; mais elle passera pour naturelle, au moins dans cet ouvrage dont je n’attends aucun profit et dans lequel, par conséquent, il y a beaucoup plus de motifs pour être concis que pour s’étendre en dissertations.

La description du laboratoire de ce grand chimiste montrera qu’il ne reste pas inactif ; il y a consacré deux vastes salles admirablement garnies de tout le nécessaire. On y trouve six ou sept fourneaux divers, parmi lesquels celui de Macquer est le plus puissant, des appareils si compliqués et si variés, que je n’en ai vu nulle part de semblable ; enfin une collection