Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/333

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le 2. — Beaune. On a, sur la droite, une chaîne de coteaux couverts de vignobles ; à gauche, une plaine unie, ouverte et par trop nue. À Nuits, petite ville sans importance, quarante hommes sont de garde tous les jours ; à Beaune ils sont bien plus nombreux. Muni d’un passeport signé du maire de Dijon et d’une cocarde flamboyante aux couleurs du tiers états j’espère bien éviter toutes difficultés, quoique le récit des troubles dans les campagnes soit si formidable, qu’il paraisse impossible de voyager en sûreté. — Fait une halte à Nuits pour me renseigner sur les vignobles de ce pays si renommé en France et dans toute l’Europe, et visité le Clos de Vougeot ; cent journaux de terre bien entourés de murs et appartenant à un couvent de Bernardins. Qui surprendra ces gens-là à faire un mauvais choix ? Les endroits qu’ils s’approprient montrent l’attention scrupuleuse qu’ils portent aux choses de l’esprit. — 22 milles.

Le 3. — En sortant de Chagny, où je quittai la grande route de Lyon, je suis passé près du canal de Chanlaix (Charolais) ; ses progrès sont bien lents ; c’est qu’une entreprise vraiment utile peut bien attendre, tandis que, s’il se fût agi du forage des canons ou du doublage des vaisseaux de ligne, il y a longtemps qu’elle serait achevée. Moncenis, vilain pays, mais assez singulier. C’est là que se trouve l’une des fonderies de canons de M. Wilkinson ; j’en ai déjà décrit une située près de Nantes. Les Français disent que cet actif Anglais est beau-frère du docteur Priestley, par suite ami de l’humanité, et que c’est pour donner la liberté à l’Amérique qu’il leur a montré à forer les canons. L’établissement est très considérable ; on y compte cinq cents à six cents ouvriers, sans y comprendre les charbonniers ;