Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/338

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de la Société d’agriculture de Moulins, qui voulut nous garder à dîner. Il paraît avoir une fortune considérable, du savoir, et son accueil est très bienveillant. On parla de l’état du Bourbonnais ; il me dit que les terres étaient plutôt données que vendues, et que les métayers sont trop pauvres pour bien cultiver. Je suggérai quelques-uns des modes à suivre pour y remédier ; mais c’est perdre son temps d’en parler en France. Après le dîner, M. de Grimau m’emmena à sa maison de campagne, tout près de la ville ; elle est bien située et domine la vallée de l’Allier. — Des lettres de Paris : elles ne contiennent rien que des récits certainement effrayants sur les excès qui se commettent par tout le royaume, et particulièrement dans la capitale et sa banlieue. Le retour de M. Necker, qu’on croyait devoir tout calmer, n’a produit aucun effet.

On remarque dans l’Assemblée nationale un parti violent dont l’intention arrêtée est de tout pousser à l’extrême, des hommes qui ne doivent leur position qu’aux violences de l’époque, leur importance qu’à la confusion des choses ; ils feront tout pour empêcher un accord qui leur donnerait le coup mortel : élevés par l’orage, le calme les engloutirait. Parmi les personnes auxquelles me présenta M. l’abbé de Barut se trouve M. de Gouttes, chef d’escadre. Pris par l’amiral Boscawen à Louisbourg en 1758, il fut emmené en Angleterre, où il étudia notre langue dont il lui reste encore quelque souvenir. J’avais dit à M. l’abbé qu’une personne riche de mon pays m’avait chargé de chercher une bonne acquisition en terres : sachant l’intention du marquis de vendre un de ses domaines, il lui en parla. Celui-ci me fit alors une telle description de ce bien, que, quoique je fusse à court de temps, je ne crus pas perdre une journée en l’allant voir, d’autant plus qu’il