Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/339

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’y a que 8 milles de Moulins, et que le marquis devait venir me prendre en voiture. À l’heure dite, nous partions, en compagnie de M. l’abbé Barut, pour le château de Riaux, situé au milieu des terres que l’on m’offrit à des conditions telles, que jamais je ne fus plus tenté de faire une spéculation. C’était bien moi que cela regardait ; car je n’ai pas le moindre doute que la personne qui m’avait donné cette commission, comptant trouver ici un séjour de plaisance, dût en être bien dégoûtée depuis les troubles. C’était, en somme, un marché beaucoup plus beau que je ne me l’imaginais, et confirmant la maxime de M. de Grimau, qu’en Bourbonnais les terres sont plutôt données que vendues. Le château est vaste et bien construit, ayant, au rez-de-chaussée, deux belles salles pouvant contenir trente personnes, et trois autres plus petites ; au premier, dix belles chambres à coucher, et, sous les combles, des mansardes fort convenablement arrangées ; des communs de toute espèce bien bâtis, à l’usage d’une nombreuse famille, des granges assez grandes pour tenir la moitié des gerbes du domaine, et des greniers assez vastes pour en recevoir tout le grain. Il y a aussi un pressoir et des celliers pour en garder le produit dans les années les plus abondantes. La position est agréable, sur le penchant d’une hauteur ; la vue, peu étendue, mais très jolie ; tout le pays ressemble à ce que j’ai décrit jusqu’ici : c’est une des plus charmantes régions de la France. Tout près du château se trouve une pièce de terre d’environ cinq à six arpents, bien entourée de murs, dont la moitié est en potager et fournit beaucoup de fruits de toute espèce. Douze étangs sont traversés par un petit cours d’eau qui fait tourner deux moulins loués 1,000 liv. (43 l. 15 sh.) par an. Les étangs approvisionnent la table du propriétaire de carpes, de tanches,