Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/374

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grande partie du chemin est dans un état d’abandon scandaleux pour l’une des routes les plus importantes de la France ; à de certains endroits deux voitures n’y sauraient passer de front. Quel peintre décevant que l’imagination ! J’avais lu je ne sais quelles exagérations sur les bastides des environs de Marseille, qui ne se comptaient pas par centaines, mais par milliers. Louis XIV avait ajouté à ce nombre en construisant une forteresse, etc. J’ai vu d’autres villes en France où elles sont aussi nombreuses, et les environs de Montpellier, qui n’a pas de commerce extérieur, sont aussi soignés que ceux de Marseille ; cependant Montpellier n’a rien de rare. L’aspect de Marseille au loin ne frappe pas. Le nouveau quartier est bien bâti, mais le vieux, comme dans d’autres villes, est assez mal bâti et sale ; à en juger par la foule des rues, la population est grande, je n’en connais pas qui la surpasse sous ce rapport. Je suis allé le soir au théâtre ; il est neuf, mais sans mérite, et ne peut marcher de pair avec ceux de Bordeaux et de Nantes. La ville elle-même est loin d’égaler Bordeaux, les nouvelles constructions ne sont ni si belles, ni si nombreuses, le nombre des vaisseaux si considérable, et le port lui-même n’est qu’une mare à côté de la Garonne. — 20 milles.

Le 5. — Marseille ne mérite en aucune façon le reproche que j’ai si souvent fait à d’autres villes de manquer de journaux. J’en trouvai plusieurs au café d’Acajon, où je déjeunai. Distribué mes lettres, qui m’ont valu des renseignements sur le commerce, mais j’ai été désappointé de n’en pas recevoir une que j’attendais pour me recommander à M. l’abbé Raynal, le célèbre écrivain. Ici, comme à Aix, le comte de Mirabeau est le sujet des conversations de table d’hôte ; je