Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/383

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pas entre les plus grandes cités de la France les communications existant chez nous entre les villes secondaires de province : preuve concluante de leur manque de consommation et d’activité. Un autre monsieur qui connaissait bien la Provence, et qui avait été de Nice à Toulon par mer, me conseilla de prendre pour un jour la barque ordinaire qui fait ce service ; je verrais ainsi les îles d’Hyères : je lui dis que j’avais été à Hyères et visité la côte. « Vous n’avez rien vu, me dit-il, si vous n’avez pas vu ce petit archipel et la côte, contemplée de la mer, est ce qu’il y a de plus beau en Provence. Vous n’aurez qu’un jour de mer, puisque vous pouvez débarquer à Cavalero (Cavalaire) et prendre des mules pour Fréjus, et vous ne perdrez rien, puisque toute la route ressemble à ce que vous connaissez déjà : des montagnes, des vignes et des oliviers. » Son avis prévalut, et je m’entendis pour mon passage jusqu’à Cavalero avec le capitaine Jassoire, d’Antibes.

Le 12. — À six heures du matin, j’étais à bord ; le temps était délicieux, et la sortie du port de Toulon et de se rade m’intéressa au plus haut point. Il est impossible d’imaginer un port plus abrité et plus sûr. La partie la plus intérieure semble artificielle, elle est séparée du grand bassin par un môle sur lequel est bâti le quai. Il ne peut y entrer qu’un vaisseau à la fois, mais une flotte y tiendrait à l’aise. Il y a maintenant à l’ancre, sur deux lignes, le Commerce-de-Marseille, de 130 canons, le plus beau vaisseau de guerre de la marine française, 17 de 90 canons chacun, et d’autres plus petits. Dans le grand bassin, qui a 2 ou 3 milles de large, vous vous croyez entouré de tous côtés par les montagnes, ce n’est qu’au moment d’en sortir que vous devinez où se trouve l’issue qui le joint à la mer.