Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/382

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Le 11. — Les préparatifs de mon voyage en Italie m’ont assez occupé. On m’a souvent répété, et des personnes habituées à ce pays, que je ne dois pas penser à y aller avec ma voiture à un cheval. J’aurais à perdre un temps infini pour surveiller les repas de mon cheval, et si je ne le faisais pas aussi bien pour le foin que pour l’avoine, on me volerait l’un et l’autre. Il y a en outre des parties périlleuses pour un voyageur seul, à cause des voleurs qui infestent les routes. Persuadé par les raisons de gens qui devaient s’y connaître mieux que moi, je me déterminai à vendre jument et voiture, et à me servir des vetturini qui semblent se trouver partout et à bon marché. À Aix on m’offrit 20 louis du tout ; à Marseille, 18 ; de sorte que plus j’allais, plus je devais m’attendre, à voir le prix baisser pour me tirer des mains des aubergistes et des garçons d’écurie, qui croyaient partout que je leur appartenais, je fis promener ma voiture et mon cheval dans les principales rues de Toulon, avec un grand écriteau portant à vendre et le prix 25 louis ; je les avais payés 32 à Paris. Mon plan réussit, je les vendis 22, ils m’avaient servi pendant plus de 1,200 milles ; cependant le marché fut bon aussi pour l’officier qui me les acheta. Il fallut ensuite penser à gagner Nice ; le croirait-on ? de Marseille, qui contient 100,000 âmes, comme de Toulon, qui en contient 30,000, sur la grande route d’Italie par Antibes et Nice, il ne part ni diligence ni service régulier. Un monsieur, à table d’hôte, m’assura qu’on lui avait demandé 3 louis pour une place dans une voiture allant à Antibes, et encore, il avait fallu attendre jusqu’à ce que l’autre place fût prise pour le même prix. Ceci paraîtra incroyable à ceux qui sont accoutumés au nombre infini de voitures qui sillonnent l’Angleterre dans toutes les directions. On ne trouve