Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/414

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dans les tribunes de la Chambre des communes, si M. Pitt devait apporter une réponse écrite à ce que M. Fox aurait à prononcer avant lui ? Un autre mal aussi grand qui en découle, c’est la longueur des séances, puisqu’il y a dix personnes contre une qui sera capable de parler impromptu. Le manque d’ordre, la confusion dominent comme au temps que l’Assemblée siégeait à Versailles ; les interruptions sont longues et fréquentes, et les orateurs auxquels le règlement refuse la parole ne laissent pas de la vouloir prendre. Le comte de Mirabeau demanda qu’il lui fût permis de répondre à l’abbé Maury ; le président mit sa proposition aux voix, et la Chambre fut unanime pour la rejeter, de sorte que le premier de leurs orateurs n’a pas assez d’influence pour faire entendre ses explications. Nous n’avons pas l’idée d’un tel règlement ; cependant le grand nombre des membres rend ceci nécessaire. J’oubliais de dire qu’aux deux extrémités de la salle, il y a des tribunes entièrement publiques ; celles qui occupent les côtés ne s’ouvrent qu’aux amis des députés qui montrent des cartes : dans toutes, l’auditoire est fort bruyant, applaudit à outrance ce qui le charme, va parfois jusqu’à siffler ce qui lui déplaît, indécence incompatible avec la liberté de discussion. Je n’attendis pas la fin, et je m’en retournai chez le duc de Liancourt, aux Tuileries, pour dîner avec sa compagnie habituelle ; il y avait ce soir MM. Chapelier et Desmeuniers (Mounier), qui tous deux ont présidé l’Assemblée et y tiennent encore une place éminente ; M. Volney, le célèbre voyageur, le prince de Poix, le comte de Montmorency, etc, etc. En attendant le duc de Liancourt, qui n’arriva qu’à sept heures et demie, avec la majeure partie des convives, la conversation roula presque entièrement sur le soupçon