Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/417

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fortes pour qu’il s’en forme, que la moindre négligence serait sûre d’en produire. Je me suis trouvé avec le lieutenant-colonel d’un régiment de cavalerie, venant de ses quartiers ; il dit que tous ses hommes, sans exception, sont à la dévotion du roi, prêts à marcher et à se montrer comme il l’ordonnerait, pourvu que cela ne fût pas contre leurs sentiments d’autrefois. Il ajoutait que cette obéissance n’eût pas été si grande avant le voyage du roi à Paris ; et, selon ce qu’il avait appris dans ses conversations avec les officiers de différents corps, il en était de même chez eux. S’il y a des projets sérieux pour une contre-révolution et l’enlèvement du roi, et que leur exécution ait été ou soit prévenue à l’avenir, la postérité le saura probablement mieux que nous. Certes, les yeux de tous les souverains et de tous les grands dignitaires d’Europe sont fixés sur la révolution française, ils envisagent avec étonnement, avec terreur, une situation qui plus tard peut devenir la leur ; ils doivent donc attendre avec anxiété que l’on fasse des efforts pour étouffer un exemple qui ne manquera pas d’être imité quand les occasions seront favorables. Dîné au Palais-Royal, en compagnie choisie, tous politiques, car tous sont Français. On discuta la question suivante : Les complots, dont il est si généralement question aujourd’hui, sont-ils réels ou bien inventés et répandus par les chefs de la révolution, afin d’animer la milice et d’assurer par elle le gouvernement sur ses nouvelles bases ?

Le 14. — Des complots ! des complots ! — Le marquis La Fayette a pris hier deux cents personnes sur onze cents qui s’étaient réunies aux Champs-Elysées. Elles avaient de la poudre et des balles, mais pas de fusils. On se demande quelles elles peuvent être, et il