Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/420

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trouvait M. de Bougainville, le célèbre voyageur autour du monde ; il est aussi aimable que judicieux ; le comte de Castellane et le comte de Montmorency, jeunes députés aussi enragés que s’ils s’appelaient Barnave ou Rabaud.

Dans quelques allusions à la constitution d’Angleterre, je trouvai que ces messieurs en faisaient bon marché, quant aux libertés politiques. On discuta sur les idées du moment, les conspirations ; mais on semble s’accorder sur ce point, que, bien que la constitution puisse être retardée par de tels moyens, il était maintenant absolument impossible de l’empêcher de se faire. Le soir, à ce que l’on appelle le Cirque national, au Palais-Royal, édifice élevé dans le jardin, d’une folie coûteuse et extravagante au delà de ce qu’on peut imaginer. C’est une grande salle de bal enfoncée sous terre à moitié de sa hauteur, et comme si cela ne suffisait pas pour la rendre humide, il y a une rivière qui coule tout autour et un jardin planté sur le toit ; des jets d’eau jaillissant çà et là en font sans doute une place choisie pour une soirée d’hiver. Ce qu’a coûté ce bâtiment, projeté, je le suppose, par quelques amis du duc d’Orléans, exécuté à ses frais, aurait suffi à l’établissement complet d’une ferme anglaise, bâtiments, bétail, outillage, récoltes, sur une échelle qui eût fait honneur au premier souverain de l’Europe ; car on eût ainsi changé 5,000 arpents de déserts en jardin. Pour le résultat atteint de cette manière, je ne saurais trouver les épithètes qu’il mérite. On a voulu avoir un concert, un bal, un café, un billard, un bazar, etc, etc., quelque chose dans le genre de notre Panthéon. Il y avait concert ce soir ; mais la salle étant presque vide, c’était, en somme également froid et sombre.

Le 16. — La frayeur des complots en est venue jusqu’à