Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/51

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pu détourner de la voie droite ce merveilleux concours de volontés, et, le succès surpassant l’espérance, on a pu l’entraîner dans les aventures de la domination universelle. Charles-Quint, Louis XIV, Napoléon s’y sont essayés, d’autres s’y essayent, d’autres enfin s’y essayeront : la leçon sera la même pour tous. Les peuples civilisés ont maintenant une conscience trop claire de leur existence pour qu’on les puisse pétrir au gré d’un caprice, si souverain qu’il soit, et rien de plus heureux, car c’est de la diversité des points de vue que naissent le mouvement et le progrès. Pour nous, ne répudions aucune de nos traditions nationales ; toutes, à les bien étudier, sont marquées du même sceau : fortifions-nous pour dominer la barbarie ignorante et tenir la bride à la barbarie éclairée, rallions autour de nous tous ceux qu’anime un sincère désir d’un bien toujours croissant, prenons enfin pour devise ces vers d’un poète bien français, mais dont nul autre n’a égalé à cette fois la chaleur et l’élévation :

Paix au travail, paix au sol qu’il féconde,
Que par l’amour les hommes soient unis ;
Plus près du ciel qu’ils replacent le monde ;
Que Dieu nous dise : « Enfants, je vous bénis. »

Versailles, dimanche 19 mars 1882.