Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le lecteur de bonne foi ne s’attendra pas à trouver dans les tablettes d’un voyageur le détail des pratiques que celui-là seul peut donner, qui s’est arrêté quelques mois, quelques années, dans un même endroit : vingt personnes qui y consacreraient vingt ans n’en viendraient pas à bout ; supposons même qu’elles le puissent, c’est à peine si la millième partie de leurs travaux vaudrait qu’on la lût. Quelques districts très avancés méritent qu’on y donne autant d’attention ; mais le nombre en est fort restreint en tout pays, et celui des pratiques qui leur vaudraient d’être étudiés plus restreint encore. Quant aux mauvaises habitudes, il suffit de savoir qu’il y en a, et qu’il faut y pourvoir, et cette connaissance touche bien plutôt l’homme politique que le cultivateur. Quiconque sait au moins un peu, quelle est ma situation, ne cherchera pas dans cet ouvrage ce que les privilèges du rang et de la fortune sont seuls capables de fournir ; je n’en possède aucun et n’ai en d’autres armes, pour vaincre les difficultés qu’une attention constante et un labeur persévérant. Si mes vues avaient été encouragées par cette réussite dans le monde qui rend les efforts plus vigoureux, les recherches plus ardentes, mon ouvrage eût été plus digne du public ; mais une telle réussite se trouve ici dans toute carrière autre que celle du cultivateur. Le non ullus aratro dignus honos ne s’appliquait pas plus justement à Rome au temps des troubles civils et des massacres, qu’ils ne s’applique à l’Angleterre en un temps de paix et de prospérité.

Qu’il me soit permis de mentionner un fait pour montrer que, quelles que soient les fautes contenues