Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/71

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Je mets à part la galerie des batailles du grand Condé et le cabinet d’histoire naturelle, bien que riche en beaux échantillons, très habilement disposés ; il ne contient rien qui mérite une mention particulière ; pas une salle ne serait regardée comme grande en Angleterre. L’écurie est vraiment belle et surpasse en vérité de beaucoup tout ce que j’ai pu voir jusqu’ici : elle a 580 pieds de long, 40 de large, et renferme quelquefois 240 chevaux anglais. J’avais tellement l’habitude de retrouver, dans les pièces d’eau, l’imitation des lignes sinueuses et irrégulières de la nature, que j’arrivais à Chantilly prévenu contre l’idée d’un canal ; mais la vue de celui d’ici est frappante, elle m’impressionna comme les grandes choses seules le peuvent faire. Ce sentiment résulte de la longueur et des lignes droites de l’eau s’unissant à la régularité de tous les objets en vue.

C’est, je crois, lord Kaimes qui dit que la portion du jardin contiguë au château doit participer à la régularité des bâtiments ; dans un endroit, si somptueux, cela est presque indispensable. L’effet, ici, est amoindri par le parterre devant la façade, dans lequel les carrés et les petits jets d’eau ne correspondent pas à la magnificence du canal. La ménagerie est très jolie et montre une variété prodigieuse de volailles de toutes les parties du monde ; c’est un des meilleurs objets auxquels une ménagerie puisse être consacrée ; ceci et le cerf de Corse prit toute mon attention. Le hameau renferme une imitation de jardin anglais ; comme ce genre est nouvellement introduit en France, on ne doit pas user d’une critique sévère. L’idée la plus anglaise que j’aie rencontrée est celle de la pelouse devant les écuries : elle est grande, d’une belle verdure et bien tenue, preuve certaine que l’on peut avoir d’aussi beaux gazons dans