Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/72

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le nord de la France qu’en Angleterre. Le labyrinthe est le seul complet que j’aie vu, et il ne m’a pas laissé de désir d’en voir un autre : c’est le rébus du jardinage. Dans les sylvæ, il y a des plantes très rares et très belles. Je souhaite que les personnes qui visitent Chantilly et qui aiment les beaux arbres n’oublient pas de demander le gros hêtre ; c’est le plus, beau que j’aie vu, droit comme une flèche, n’ayant pas, à vue d’œil, moins de 80 à 90 pieds de haut, 40 jusqu’à la première branche, et 12 de diamètre à 5 pieds du sol.

C’est, sous tous les rapports, un des plus beaux arbres qui se rencontrent en aucun lieu. Il y en a deux qui s’en rapprochent sans l’égaler. La forêt de Chantilly, appartenant au prince de Condé, est immense et s’étend fort loin dans tous les sens ; la route de Paris la traverse pendant dix milles dans la direction la moins étendue. On dit que la capitainerie est de plus de cent milles en circonférence, c’est-à-dire que dans cette circonscription les habitants sont ruinés par le gibier, sans avoir la permission de le détruire, afin de fournir aux plaisirs d’un seul homme. Ne devrait-on pas en finir avec ces capitaineries ?

À Luzarches, ma jument m’a paru incapable d’aller plus loin ; les écuries de France, espèces de tas de fumier couverts, et la négligence des garçons d’écurie, la plus exécrable engeance que je connaisse, lui ont fait prendre froid. Je l’ai laissée, en conséquence, jusqu’à ce que je l’envoie chercher de Paris, et j’ai pris la poste pour cette ville. J’ai trouvé ce service plus mauvais, et même, en somme, plus cher qu’en Angleterre. En chaise de poste, j’ai voyagé comme on voyage en chaise de poste, c’est-à-dire, voyant peu, ou rien. Pendant les dix derniers milles, je m’attendais à cette cohue de