Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/79

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sol excellent, mais partout des jachères. Passé à travers la forêt d’Orléans, propriété du duc de ce nom, c’est une des plus grandes de France.

Du clocher de la cathédrale d’Orléans, la vue est fort belle. La ville est grande ; ses faubourgs, dont chacun se compose d’une seule rue, s’étendent à près d’une lieue. Le vaste panorama qui se déroule de toutes parts est formé par une plaine sans bornes, à travers laquelle la magnifique Loire serpente majestueusement ; c’est un horizon de quatorze lieues parsemé de riches prairies, de vignes, de jardins et de forêts. Le chiffre de la population doit être élevé ; car, outre la cité, qui contient près de 40,000 habitants, le nombre de villes plus petites et de villages qui se pressent dans cette plaine est assez grand pour donner au paysage beaucoup d’animation. La cathédrale, d’où nous observions cette scène grandiose, est un bel édifice ; le chœur en fut élevé par Henri IV. La nouvelle église est jolie, le pont de pierre superbe ; c’est le premier essai en France de l’arche plate, qui y est maintenant en vogue. Il a neuf arches et mesure 410 yards de long sur 45 pieds de large. À entendre certains Anglais, on supposerait qu’il n’y a pas un beau pont dans toute la France ; ce n’est, je l’espère, ni la première, ni la dernière erreur que ce voyage dissipera. On voit amarrés aux quais beaucoup de barges et de bateaux construits sur la rivière, dans le Bourbonnais, etc. ; chargés de bois, d’eau-de-vie, de vin et d’autres marchandises, ils sont démembrés à leur arrivée à Nantes et vendus avec la cargaison. Le plus grand nombre est en sapin. Entre Nantes et Orléans, il y a un service de bateaux partant quand il se trouve six voyageurs à un louis d’or par tête ; on couche à terre ; le trajet dure quatre jours et demi. La rue principale conduisant au pont est très belle,