Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/80

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pleine d’activité et de mouvement, car on fait ici beaucoup de commerce. On doit admirer les beaux acacias épars dans la ville. — 20 milles.

Le 31. En la quittant, on entre dans la misérable province de Sologne, que les écrivains français appellent la triste Sologne. Les gelées de printemps ont été fortes partout dans le pays, car les feuilles de noyers sont noires et brûlées. Je ne me serais pas attendu à ce signe certain d’un mauvais climat de l’autre côté de la Loire ; la Ferté-Lowendahl, plateau graveleux couvert de bruyères. Les pauvres gens qui cultivent ici sont métayers, c’est-à-dire que, n’ayant pas de capital, ils reçoivent du propriétaire le bétail et la semence, et partagent avec lui le produit ; misérable système qui perpétue la pauvreté et empêche l’instruction.

Rencontré un homme employé sur le chemin, qui est resté quatre ans prisonnier à Falmouth ; il ne semble pas garder rancune aux Anglais, bien qu’il n’ait pas été satisfait de la façon dont on l’avait traité. Le château de la Ferté, appartenant au marquis de Coix, est très beau ; on y trouve de nombreux canaux, de l’eau en abondance. À Nonant-le-Fuzellier, singulier mélange de sables et de flaques d’eau ; clôtures nombreuses, maisons et chaumières en bois, à murs d’argile ou de briques, couvertes, non pas en ardoises, mais en tuiles, quelques-unes en bardeaux, comme dans le Suffolk ; rangées de tétards dans les haies, excellente route, sol sableux. L’aspect général du pays est boisé ; tout concourt à produire une ressemblance frappante avec plusieurs parties de l’Angleterre ; mais la culture en est si différente, que la moindre attention suffit à détruire cette apparence. — 27 milles.

Le 1er Juin. — Même pays malheureux jusqu’à la Loge ;