Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

demandai, entre autres choses, si les membres de cette société avaient des terres, d’où l’on pût juger s’ils connaissaient eux-mêmes ce dont ils parlaient ; on m’en assura, cependant la conversation m’éclaira bientôt là-dessus. Ils ont des métairies autour de leurs maisons de campagne, et se considèrent comme faisant valoir, se faisant justement un mérite de ce qui est la malédiction et la ruine du pays. Dans toutes mes conversations sur l’agriculture depuis Orléans, je n’ai pas trouvé une personne qui sentît le mal dérivant de ce mode de fermage.

Le 7. — Les châtaigneraies cessent une lieue avant Pierre-Buffière, parce que, dit-on, le sol est un granit très dur ; on ajoute aussi à Limoges que sur ce granit il ne vient ni vignes, ni blé, ni châtaignes, bien que ces plantes prospèrent quand il se désagrège ; il est vrai que le granit et les châtaignes nous apparurent à la fois à notre entrée dans le Limousin. La route est incomparable, et ressemble plutôt aux allées bien tenues d’un jardin qu’à un grand chemin ordinaire. Vu pour la première fois de vieilles tours ; elles semblent nombreuses dans ce pays. — 33 milles.

Le 8. — Spectacle extraordinaire pour l’œil d’un Anglais : plusieurs bâtiments, trop bien construits pour mériter le nom de chaumières, n’ont pas une vitre. À quelques milles sur la droite se trouve Pompadour, haras royal ; il y a des chevaux de toutes races, mais principalement des arabes, des turcs et des anglais. Il y a trois ans, on importa quatre étalons arabes coûtant soixante-douze mille livres (3,149 L.). Le prix d’une saillie n’est que de trois livres, au bénéfice du palefrenier ; les propriétaires peuvent vendre leurs poulains