Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/90

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Le 9. — Nous entrons dans une nouvelle province, le Quercy, partie de la Guyenne ; elle n’est pas, à beaucoup près, si belle que le Limousin, mais en revanche, elle est beaucoup mieux cultivée, grâce au maïs qui y fait merveilles. Passé devant Noailles ; sur le sommet d’une haute colline, on voit le château du duc de ce nom. Nous avons quitté le granit pour le calcaire, et perdu du même coup les châtaigniers.

En descendant à Souillac, on jouit d’une vue qui doit plaire à tout le monde : c’est une échappée sur un délicieux petit vallon, encaissé entre des collines très abruptes ; de sauvages montagnes font ressortir la beauté de la plaine couverte de cultures, ombragée çà et là de noyers. Rien ne semble pouvoir surpasser l’exubérance de ce fonds.

Souillac est une petite ville florissante, qui compte quelques gros négociants. Par la Dordogne, rivière navigable huit mois de l’année, on reçoit du merrain d’Auvergne qu’on exporte à Bordeaux et Libourne, ainsi que du vin, du blé et du bétail ; on importe du sel en grande quantité. Impossible pour une imagination anglaise de se figurer les animaux qui nous servirent à l’hôtel du Chapeau-rouge : des êtres appelés femmes par la courtoisie des habitants de Souillac, en réalité des tas de fumier ambulants. Mais ce serait en vain qu’on chercherait en France une servante d’auberge proprement mise. — 34 milles. Le 10. — Passé la Dordogne sur un bac, parfaitement arrangé aux deux extrémités pour l’entrée et la sortie des chevaux, sans qu’on soit obligé, comme en Angleterre, de les battre outrageusement pour les décider à y sauter : le contraste des prix n’est pas