Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/91

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moindre ; pour un whisky anglais, un cabriolet français, un cheval de selle et six personnes, nous ne payâmes que 50 sous (2/1). En Angleterre, sur ces exécrables bacs, j’ai payé une demi-couronne par roue, et au grand risque de rompre les jambes des chevaux. La rivière coule dans une vallée très profonde entre deux rangs de collines élevées : la vue qui s’étend loin, rencontre partout des villages ou des habitations isolées ; l’apparence d’une nombreuse, population. Les châtaigniers viennent ici sur le calcaire, contrairement à la maxime limousine.

Passé Payrac, rencontré beaucoup de mendiants, ce qui ne m’était pas encore arrivé. Partout le pays, filles et femmes n’ont ni bas, ni souliers ; les hommes à la charrue n’ont ni sabots, ni bas à leurs pieds. Cette pauvreté frappe à sa racine la prospérité nationale, la consommation du pauvre étant d’une bien autre importance que celle du riche : la richesse d’un peuple consiste dans la circulation intérieure et sa propre consommation ; on doit donc regarder comme un mal des plus funestes, que les produits des manufactures de lainage et de cuir soient hors de la portée des classes pauvres. Cela nous rappelle la misère de l’Irlande. Traversé Pont-de-Rodez et gagné un terrain élevé, d’où nous jouissons d’un immense panorama de chaînes de montagnes, de collines, de pentes douces, de vallées, s’échelonnant l’une derrière l’autre dans toutes les directions ; peu de bois, mais de nombreux arbres disséminés. On embrasse distinctement au moins quarante milles, sur lesquels pas un acre n’est de niveau ; le soleil, sur le point de se coucher, en éclairait une partie et montrait un grand nombre de villages et de fermes éparses. Les monts