Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une vapeur qui s’arrête au pied de la magnifique chaîne, dont les sommets, couverts de neige, se découpent de la façon la plus hardie. Le chemin de Caussade est bordé de six rangées d’arbres, dont deux de mûriers, les premiers que j’aie vus. Ainsi nous avons donc presque atteint les Pyrénées avant de rencontrer une culture que quelques-uns voudraient introduire en Angleterre ! Le fond de la vallée est tout à fait plat ; la route est bien construite, et faite principalement de gravier. Montauban est une ville ancienne mais non pas mal bâtie. Il y a de belles maisons, bien qu’elles ne forment pas de belles rues. On la dit populeuse ; le mouvement qui y règne en est la preuve. La cathédrale est moderne, d’une assez bonne construction, mais lourde. Le collège, le séminaire, l’évêché et le palais du premier président de la Cour des Aides sont de beaux édifices ; ce dernier est grand, avec une entrée trop fastueuse. Promenade bien située, sur le plus haut des remparts, embrassant cette admirable vallée, ou plutôt cette plaine, une des plus riches de l’Europe, bornée d’un côté par la mer, de l’autre par les Pyrénées, dont les masses sublimes, amoncelées les unes sur les autres et couvertes de neige, déploient une étonnante variété d’ombres et de lumières, naissant de leurs formes abruptes et de l’immensité de leurs proportions. Cet amphithéâtre, de cent milles de diamètre, a la majesté de l’Océan, l’œil s’y perd : horizon presque infini de cultures ; ensemble animé et confus de parties infiniment variées, se fondant par degrés dans la lointaine obscurité, d’où sort l’imposant chaos des Pyrénées, dont les cimes argentées s’élèvent par delà les nuages. J’ai rencontré à Montauban le capitaine Plampin, de la marine royale ; il était avec le major Crew, qui vit avec sa famille