Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/95

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dans une maison qu’il a achetée ici. Il nous en fit courtoisement les honneurs ; elle est délicieusement placée, à la sortie de la ville, devant un très beau paysage ; leur obligeance m’éclaira sur certains points, dont leur résidence ici les faisait bon juges. La vie est à bon marché ; on nous nomma une famille, dont on supposait le revenu de 1,500 louis par an, et qui vivait sur le pied de 5,000 l. st. en Angleterre. La cherté et le bon marché relatifs des différents pays est un sujet de considérable importance, mais d’une analyse difficile. Comme, à mon avis, les Anglais sont beaucoup plus avancés que les Français dans les arts usuels et les manufactures, l’Angleterre doit être le pays où il fait le moins cher vivre. Ce que nous observons ici, c’est l’habitude de moins dépenser ; chose, très différente. — 30 milles.

Le 13. — Traversé Grisolles : les chaumières sont, les unes bien bâties, mais sans vitres aux fenêtres, les autres sans autre ouverture que la porte. Dîné à Pompinion (Pompignan), au Grand-Soleil, auberge excellente, où le capitaine Plampin, qui nous avait accompagnés, prit congé de nous. Violent orage ; j’avais trouvé cette pluie plus forte que ce que je connaissais en Angleterre ; mais en nous remettant en route pour Toulouse, je fus immédiatement convaincu qu’il n’en était pas tombé de semblable dans le royaume car la désolation répandue sur la scène, qui nous souriait dans son abondance peu d’heures auparavant, faisant mal à voir.

Partout la détresse ; les belles moissons de blé sont tellement couchées, que je doute qu’elles se relèvent jamais, d’autres champs sont si inondés, qu’on ne sait, en les regardant, si l’eau ne les a pas toujours occupés.