Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/113

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Quand une Charlemart comme moi y a goûté, dites-vous qu’elle est perdue pour les châteaux, les salons, l’oisiveté. La pluie est ma compagne ; le soleil, mon roi. Sur les routes, avec ma torpédo, je suis une dominatrice. Tout me cède, et je possède l’espace. Je vois le grand poème de la nature. De plus, j’ai lié amitié avec nombre de ces boutiquiers qui, à votre sens, me font l’injure d’une déchéance quand je passe leur seuil. Chacun de leurs sourires, au contraire, est un hommage à ma famille. D’ailleurs, rien ne pourrait me séparer de mes fusils. Vous en êtes encore, monsieur de Kerpol, à la chevalerie. Mais moi, avec les femmes de mon époque, je remonte plus haut, à ce temps où la compagne de l’homme n était pas une idole enfermée par lui dans le sanctuaire et dédommagée par des génuflexions, mais un être aux narines plus friandes d’air libre que d’encens. Je suis une Mérovingienne et je ne puis pas, à la prière du plus chevaleresque des aristocrates, hélas ! devenir la prisonnière adulée du château de Kerpol. Épousez ma sœur Bertrande, monsieur ; elle a plus besoin que moi de votre générosité, de votre compassion. Moi, j’ai trouvé ma voie. Je reste commis voyageur.