Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

âme claire, ait rencontré chez ces jeunes âmes sauvages la nappe des eaux souterraines et pures ? Il est aussi en psychologie une physique aux lois inéluctables.

Car ils se sont arrêtés. Le fait est là. Tous les journaux de l’époque l’ont consigné : « Les garnements avaient été retournés par les discours de la vieille dame », expliquèrent-ils seulement. Celle qui, à cette minute, devait logiquement agoniser dans son sang, tranquillement assise sur son lit, un peu penchée vers les deux bêtes féroces domptées, les considérant avec pitié, désormais les gouvernait. Mais elle ignorait encore jusqu’à quel degré elle possédait leurs âmes. Leurs mains élargies, mais toujours enfantines, n’avaient pas lâché les couteaux de boucher dont ils s’étaient munis comme pour saigner un animal. Marie ne doutait toujours pas qu’elle n’allât mourir, Seulement, elle avait eu cette suprême charité de soigner ces pauvres âmes damnées avant la sienne. Le mal, voilà ce qui l’avait terrorisée, l’esprit du mal chez des enfants et l’innocence corrompue, contraste affreux pour son vieux cœur noble. Elle avait cédé à sa tendance de conseillère, de prêcheuse, surtout d’amie de la jeunesse. Après tout, il y avait encore une conscience endormie derrière ces yeux glacés et ce regard horizontal d’enfants butés.