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Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/198

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l’amour sournois. Je veux le même roman que mon père et ma mère, l’idylle immortelle. Nous sommes deux étrangers, Fanchette !

Elle murmura, cruellement offensée :

— Vous ne me disiez pas cela, sur l’eau, le soir de l’orage. Pourquoi m’avoir pris mon cœur, si vous n’en vouliez pas ? Je trouve votre casuistique abominable. C’est donc ça l’âme des Martin d’Oyse ? Moi, je vous aime, Chouchou, tout simplement. Je ne peux pas vous le cacher. Je vous aime comme une Alibert que je suis, de toutes mes forces, et sans y mettre la psychologie moisie des vieilles races. Ce n’est pas un Martin d’Oyse que j’aime, c’est vous, Philippe, c’est vous. Chouchou, audacieux, extraordinaire et tendre. J’ai rêvé…

Elle se retourna, n’en pouvant plus et honteuse de son désespoir. Elle se cacha le visage contre le fût énorme d’un chêne, son bras plié la protégeant des rigueurs de l’écorce. Philippe, ardent, dévorait des yeux ses hanches minces de nymphe sylvestre, sa nuque blanche sous les cheveux pâles. Et il se demanda :

« Est-ce que je ne suis pas fou ? C’est elle