Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui est saine et vraie. Peut-on raisonner avec l’amour ? »

Fanchette reprit :

— Mais ne craignez rien. Je disparaîtrai. Je ne mettrai pas plus longtemps à l’épreuve votre conscience timorée de gentilhomme. Seulement je vous en préviens, mes frères sauront tout, et ils jugeront.

— Pourquoi me dites-vous cela ? s’écria-t-il avec reproche.

C’était encore une de ces phrases malheureuses qui la situaient à mille lieues de lui. Les Alibert s’estimaient les bienfaiteurs des Martin d’Oyse. Ils l’étaient jusqu’à un certain degré et parce qu’ils l’étaient, n’auraient pas dû le laisser croire. Mais ils ne résistaient à la suprême ambition de la gratitude. Celle des Martin d’Oyse leur assurait la plus véritable souveraineté que leurs capitaux leur eussent jamais value. Le bienfait se mesure à l’importance de l’obligé. Les Alibert rendaient hommage à leurs associés en se montrant si avides à tout propos de leur reconnaissance. Mais c’était un hommage dont les Martin d’Oyse se fussent passés.

— Fanchette, continua Philippe acerbe-