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DISCOURS


au milieu des taillis, où l’on avoit pratiqué un chemin fort difficile. La route des armées étoit à deux coſſes de là, plus près des montagnes que celle que je ſuivois. Lorſque je fus arrivé à Tchoki Sarou, ſitué à quatre coſſes de Bengania, le Fauzdar de l’endroit, qui dépendoit de Rajah Ram Alkara, me fit offrir, comme à un Ambaſſadeur, une maiſon & un Tchoki. Je le remerciai de ſa politeſſe, qui par le retour pouvoit me conſtituer en frais, & allai me repoſer dans le Bazar. La journée avoit été pénible, & même périlleuſe. La pluie & les rayons du Soleil réunis entre de gros nuages nous attaquoient alternativement, & les bêtes féroces infeſtoient notre marche. À cinq coſſes de Balaſſor j’entendis de loin un bruit confus, & vis bientôt paroître plus de cinquante hommes, qui jettoient de grands cris. Regardant autour de moi, j’apperçus à cent pas un Tigre de la hauteur d’un âne, qui marchoit gravement. Plus ſûr de moi-même que de mon cheval, je mis pied à terre, & ſaiſis ma Rondache & mon piſtolet d’arçon. L’animal paſſa fierement près de moi, ſans ſe détourner, malgré les cris des Payſans ; & prudemment je ne jugeai pas à propos de lui chercher querelle.

Je partis de Tchoki Sarou le 31, & arrivai le ſoir à Badrek, Aldée conſidérable, qui en eſt éloignée de huit coſſes. Les endroits par leſquelles je paſſai furent le Tchoki de Kanſbans, qui eſt à deux coſſes de Tchoki Sarou, & au-delà duquel on paſſe ſur un Pont de pierre de granit, une riviere qui a ſon embouchure dans la mer ; le Tchoki de Semelia qui eſt à trois coſſes de celui de Kanſbans, & le Tchoki de Schadaria où je trouvai un aſſez beau puits. J’avois une Lettre de Mohammed Aali pour Mir Faizoulla, Muſulman de conſideration qui demeuroit à Badrek. Ce Mir me fit offrir obligeamment ſa maiſon & des rafraichiſſemens mais comme mes fonds ne me permettoient pas de répondre à ces politeſſes, je n’acceptai ni l’un ni l’autre. Mes gens me conduiſirent à la Kafcheri où je trouvai tout ce dont j’avois befoin. Le ſecond du Fauzdar avoit été Serkar [1] d’un Marchand François de Schan-

[1] Le Serkạr (c’eft-à-dire le Chef des affaires) dans le Bengale, eſt un In-