Page:Zend-Avesta, trad. Anquetil-Duperron, volume 1.djvu/141

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PRÉLIMINAIRE


vois quelque choſe de ſecret à lui communiquer, il me mena dans un coin de ſa Tente, où l’on apporta deux fauteuil. Alors, pour ne pas me laiſſer entamer par des queſtions qui euſſent paru tirer de moi un aveu forcé, je lui dis nettement : Monſieur, je ne ſuis pas ce que vous croyez. Je viens de l’armée de M. Law. Telle cataſtrophe m’a obligé de la quitter ; & les circonſtances m’ont mis dans la néceſſité de prendre un titre auquel je renonce actuellement avec bien du plaiſir ; car je n’ai jamais aimé à feindre. Ainſi ne ſoyez pas ſurpris de ne me pas voir de Lettre de M. Law pour vous. Au reſte vous êtes trop galant homme pour inſulter à ma diſgrace. Le peu d’égards que vous voudrez bien avoir pour moi, me mettra dans le cas de me rendre plus ſurement à Pondichery. Je compte partir demain ; je vous prie de me faire expédier les Paſſeports néceſſaires juſqu’à Maſulipatan. Ce début parut étonner M. de Buſſy. Touché de ma ſituation, il me dit, avec une ſorte de tendreſſe : je ſuis fâché que vous vous ſoyez brouillé avec M. Law ; vous pouvez cependant compter ſur moi, & me mettre à l’épreuve : vous avez ſans doute beſoin d’argent ? Je le remerciai de ſes offres obligeantes : nous parlâmes enſuite du Bengale, & je vis avec peine qu’il n’avoit pas une aſſez grande idée de la richeſſe de cette Province. Au ſortir de la Tente de M. de Buſſy, je trouvai M. Law qui voulut me conduire dans la ſienne ; mais je le priai de ne pas trouver mauvais que je me retiraſſe chez M. le Chevalier d’Ahrembures, parce que je ne pouvois me réſoudre à lui avoir obligation, apres ce qui s’étoit paſſé entre ſon frere & moi. Je lui racontai enſuite l’aventure de Calgan ; & ſur ce qu’il m’aſſura qu’il feroit le premier à donner le tort à ſon frere, ſi la choſe étoit comme je la lui rapportois, je l’embraſſai, & me diſpoſai à continuer mon voyage. Il étoit queſtion dans l’armée du ſiége de Vizigapatan, Établiſſement Anglois à la Côte d’Orixa ; & comme M. Law, Priſonnier des Anglois, ne pouvoit ſervir dans cette Expédition, il devoit quitter le Camp, & ſe rendre à Mazulipatam. On me conſeilla de partir avec lui ; & le déſir de rejoindre mon frere promptement, m’y détermina, quelqu’envie que j’euſſe