Page:Zend-Avesta, trad. Anquetil-Duperron, volume 1.djvu/173

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PRÉLIMINAIRE.

mataly ; M.  Bourguenoud me donna des Lettres pour Neliceram, & je partis le lendemain en tonne pour ce dernier endroit, où j’arrivai le ſoir même[1].

    Les Nairs pourſuivis par le Canara nous appellerent à leur ſecours, en nous offrant Neliceram : & comme dès lors l’entrée de la riviere qui conduit à ce Poſte, nous devenoit néceſſaire, Kolaſtri nous donna Aïkan, ſitué ſur la langue de terre qui eſt à l’embouchure de cette riviere. Nous arborâmes Pavilion François dans ces deux endroits le 22 Juillet 1751, & fûmes obligés de ſoutenir la guerre pendant un an contre le Canara.

    Ce Monarque étoit maître de Matelaye, & arrêtoit les tonnes que l’on envoyoit à Neliceram ; ce qui obligeoit d’y tranſporter tout par terre & à grands frais. Une circonſtance nous rendit la jouiſſance de la riviere de Neliceram. Kolaſtri avoit conſervé Ramataly, moyennant quarante mille Pagodes d’or : mais comme il ne pouvoit les payer ſur le champ, le Roi de Palery, Pays éloigné de quelques journées à l’Eſt de Neliceram, avoit répondu pour cette ſomme, & occupoit en conſéquence la moitié du Fort. Kolaſtry, pour ſe décharger de la dette qu’il avoit contractée avec le Roi de Palery, renonça au Fort de Ramataly & nous l’abandonna, nous déclarant qu’il n’étoit pas en état de le défendre ; le Roi de Palery nous ayant fait le même aveu, nous y arborâmes le Pavillon François en Octobre de la même année 1751. Il ne nous reſtoit plus que Matelaye à prendre pour être maîtres de la riviere de Neliceram. Ce Poſte étoit alors un grand Fort flanqué de huit tours, précédé d’une avance de terre qui formoit deux anſes. Les premiers Soldats qu’on y envoya n’ayant pas été ſoutenus, furent hachés ſur cette langue de terre, au nombre de cinquante, faute de tonnes pour ſe rembarquer ; le Topaye François (l’Interprete Noir) ſ’était enſuite rendu au Fort pour faire des propoſitions, eut le col coupé. Cette Place tomba enfin au pouvoir des François le 23 Janvier 1752. Elle fut ſurpriſe en 1756, le 22 Juin, par Adiodi, neveu du troiſiéme Roi de Neliceram, le même dont les troupes battirent à Palaye un détachement François dont le Canon ſ’étoit trouvé embarraſſé dans de mauvais chemins ; ce Prince nous la rendit pour une rançon. Voilà le récit ſuccint de nos principales & très-inutiles expéditions à la Côte Malabare ; expéditions dans leſquelles le Canara nous a ménagés par un reſte d’amitié pour les François qui avoient autrefois une Loge à Mangalor, & un Agent (M.  Deſnoyers) à Bedrour.

  1. Au ſortir de Ramataly le Mont Delli me reſta au Sud-Eſt, & la chaîne des montagnes de Cardamon me parut aller du Sud-Eſt au Nord, la terre ferme & la riviere de Neliceram au Nord, & la langue de terre ſormée par cette riviere au Nord Nord-Oueſt. Le Mont Delli dont je viens de parler, eſt appellé en Malabar Ettou koulam, à cauſe des huit anſes qu’il forme, & dans leſquelles ſe retiroient les Pirates avant que les François ſ’en fuſſent emparés. Les bornes de ſa dépendance vont juſqu’à la riviere de Maraye.

    La riviere de Ramataly prend ce nom à une lieue environ au-deſſus de ce Comptoir : avant que de ſ’y rendre elle paſſe près de Maraye, tourne enſuite Ramataly de l’Eſt au Nord & à l’Oueſt, & ſe jette dans celle de Neliceram. Une demie lieue plus Nord, la riviere de Cavaye, qui deſcend à peu-près du Nord-Eſt, ſe jette dans la riviere de Neliceram. Cette derniere coule parallelement à la Côte, & eſt remplie d’Iſles, dont les Nairs ni les Brahmes n’ont jamais voulu dire les noms à M. de Palmas. Ceux qu’elles portent maintenant leur ont été donnés arbitrairement par M.  Duhaiſſe, qui leva le plan de cette riviere en 1751. En 1753 Meſſieurs Dupaſſage & de Palmas rectiſierent ce plan par ordre de la Compagnie ; depuis ce tems l’embouchure de la riviere de Neliceram s’eſt retirée de cinq cens toiſes dans le Sud-Eſt. Elle empiéte continuellement de ce côté, & des vieillards de ſoixante ans m’ont dit avoir vû l’ancienne embouchure, qui avoir trois cens toiſes de large, à trois lieues & demie Malabares (environ ſix lieues Françoiſes) de la nouvelle. Au bout de la premiere Iſle (l’Iſle de ſable) la riviere eſt reſſerrée par une langue de terre conſidérable suivie de la seconde Iſle. Les montagnes continuent dans la même direction : au bout de l’Iſle longue (la troiſiéme Iſle) elles paroiſſent aller du Sud-Eſt au Nord Nord-Oueſt. La riviere va toujours dans le Nord. Delà le Mont Delli paroît dans le Sud-Eſt. C’eſt auſſi ſa poſition à l’égard de la quatriéme Iſle.